Pourquoi les compagnies aériennes se moquent de leurs passagers ?

L’été approchant, les plus prévoyants ont déjà leurs billets d’avion en poche.  Mais voilà que les compagnies aériennes nous disent qu’elles vont devoir augmenter les prix des billets déjà vendus à cause de la hausse du prix du carburant.

Outre le côté pas trop légal de cette augmentation (http://bit.ly/HCpSvN), comment cela est-il possible ?

N’y a-t-il pas moyen de se protéger contre cela ?

En tant que dirigeant d’entreprise et/ou directeur financier, vous devez gérer les risques auxquels votre entreprise est confrontée.  Si vous vendez un article A au prix X, vous devez vous assurer que les coûts de production resteront constants jusqu’à la livraison au client.

Dans le cas de matières premières aux prix très volatiles, l’entreprise devra ‘bloquer’ le prix de ses achats au fur et à mesure de ses ventes.

Prenons le cas de la compagnie aérienne.  Pour une gestion saine, chaque fois qu’un billet d’avion est vendu, elle devrait acheter directement le carburant qui servira à transporter le passager.  Puisque le prix du carburant est connu au moment de la vente du billet, il est tout à fait possible d’intégrer le vrai prix du carburant au prix du billet.

La compagnie aérienne va nous rétorquer que la loi ou la coutume leur impose de publier les prix des billets une fois par an et que donc acheter du carburant à chaque vente de billet d’avion n’est pas réaliste.   Soit.  En tant que bon gestionnaire, la compagnie aérienne peut prédire avec une certaine marge d’erreur ses futures ventes de billets.  Donc, au moment de la publication des prix de vente des billets, elle peut acheter le carburant qui servira à transporter les futurs passagers.

Mais est-ce réaliste d’acheter plusieurs mois à l’avance du carburant ?  Cela demande beaucoup de capitaux et d’importantes dépenses de stockage.

C’est ici qu’intervient le ‘hedging’.  Nous avons tous en tête que les hedges funds, c’est mal (cela pourrait faire l’objet d’un post séparé, voire un livre tant le sujet est complexe).  Mais, en réalité, le hedging est une simple protection contre un risque.  C’est une forme d’assurance.

En tant qu’acheteur de carburant, vous pouvez conclure un contrat avec un fournisseur de kérosène avec engagement mutuel sur un volume, un prix sur une période donnée.  Cela s’appelle des ‘futures’.  C’est une forme de contrat très standard que vous pouvez acheter et revendre.

Vous pouvez également acheter des options qui vous permettront d’acheter du kérosène à un prix donné si le prix d’exercice de l’option est supérieur au prix du marché.  Si le prix du marché est plus bas que le prix d’exercice, vous ne l’exercez pas.  Vous êtes gagnants à tous les coups.

Ces ‘assurances’ ont bien sur un coût mais pour les contrats ‘futures’, le prix est très modique.

La conclusion est que les compagnies aériennes se moquent de leurs passagers.  Aucune compagnie aérienne ne peut travailler sans ‘hedger’ sinon elle aurait fait faillite depuis longtemps.  Un autre indice est que le changement de prix fonctionne toujours à la hausse, jamais à la baisse.  Cela prouve bien qu’elles sont très bien couvertes contre les hausses de prix du kérosène et que cette couverture est intégrée au prix du billet.

Cela démontre aussi que tout gestionnaire, y compris de PME, doit se prémunir contre la volatilité de ses fournitures.  Volatilité des matières premières, devises, etc.