Pourquoi imposer de vendre le médicament le moins cher est une erreur

Toujours à la recherche d’économies, nos dirigeants politiques belges ont eu comme dernière trouvaille d’imposer aux pharmaciens de délivrer le médicament le moins cher.  Donc, si deux médicaments ‘identiques’ sont disponibles, le pharmacien devra délivrer au patient le médicament le moins cher, même si c’est en contradiction avec la prescription du médecin.

Houra des foules qui y voient une économie directe.  Grand sourire vainqueur des politiques qui y voient de nouvelles voix aux prochaines élections.

Mais économiquement, cela a-t-il un sens ?

La vraie question est pourquoi le patient/consommateur ne demande-t-il pas spontanément le médicament le moins cher à son pharmacien ?

De manière générale, le patient ne le fait pas simplement par manque de connaissance.  Le patient ne connaît pas l’offre disponible, ne connaît pas les prix et tout cela est entretenu dans un flou nébuleux peu propice à un choix raisonné.

Les firmes pharmaceutiques ciblent les prescripteurs pour les convaincre de prescrire leurs médicaments plutôt que ceux de leurs concurrents.  Même si les années fastes où voyages et télés géantes étaient offertes aux médecins est révolu, le principe reste valable.

Donc, le médecin est bien informé, le pharmacien aussi mais le patient reste dans une ignorance crasse.

Est-il si bête pour ne pas lui laisser le choix ?  C’est ce que doivent penser nos hommes politiques puisqu’il est interdit aux entreprises pharmaceutiques de communiquer vis-à-vis de leurs patients.

Pourtant de la publicité pour tel ou tel médicament permettrait au patient de prendre connaissance de la concurrence qui existe entre médicaments, de pouvoir comparer et de pouvoir faire un choix en meilleure connaissance de cause.

Le patient serait alors libre de choisir le moins cher ou celui qui correspond le mieux à ses attentes (absence de tel type d’additif, conditionnement différent, méthode d’absorption, goût, etc).
Le choix d’imposer le médicament le moins cher limite la liberté du patient/consommateur.  Il va aussi mécaniquement réduire l’offre (les médicaments plus chers vont soit devoir s’aligner, soit disparaître).  Nous risquons rapidement d’avoir des pharmacies dignes d’une époque soviétique avec un seul produit par molécule sans alternative.

En éliminant la concurrence (puisque seul le moins cher restera en rayon), les produits ‘survivants’ seront en monopole.  Pour faire baisser les coûts de revient, à défaut de jouer sur la qualité du produit, le fabricant jouera sur d’autres charges telles que la logistique.  Cela risque d’engendrer moins de stock (qui coute cher)* et donc moins de disponibilités.  Puisque de toute façon, vous êtes obligés d’acheter le produit A, pourquoi l’avoir disponible dans la pharmacie ?  Il pourra être disponible sur commande.  D’où des risques de pénurie.  Les pharmaciens, eux-mêmes, seront motivés à ne pas les stocker et remplacer la place libérée par d’autres produits leur procurant une marge plus élevée.

Donc, le risque de cet interventionnisme est de créer une pénurie tout en réduisant le choix du patient/consommateur.  Alors que donner plus de liberté au marché permettrait de faire jouer la concurrence et de donner plus d’autonomie de choix au patient/consommateur.

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